Cyclades
Sous l'oeil bienveillant des Dieux de l'Olympe, 5 Cités de la Grèce Antique s'affrontent pour le contrôle des Cyclades.
Chaque Cité cherche à construire les plus belles métropoles et à faire la démonstration de sa puissance économique, intellectuelle mais aussi... guerrière.
Seule la Cité qui aura su s'attirer la faveur des dieux et tirer le meilleur parti de ses forces armées et de ses finances pourra affirmer sa suprématie sur cette partie de la Méditerranée !
Prologue :
Ma découverte de Cyclades s'est faire dans un cadre exceptionnel. Lors de ma première visite au salon d'Essen 2009, j'avais hâte de tester ce nouveau jeu des éditions du Matagot qui m'avaient déjà enchanté l'an dernier avec les Géants de l'Île de Pâques.
Je partais toutefois avec un petit a priori : la lecture des règles du jeu m'avait donné l'impression d'un système de combat trop complexe et trop agressif à mon goût.
Une fois installé à une table fraîchement libérée, nous avons eu l'honneur de nous faire expliquer les règles par les deux auteurs, rien que çà !
Plus précisément, Bruno Cathala se chargera de nous les expliquer tandis que Ludovic Maublanc, aphone, nous servira de démonstratrice... Enfin, pas seulement, car il m'a aussi glissé quelques conseils bien utiles pour cette première partie...
Tous les ingrédients étaient donc réunis pour découvrir ce nouveau jeu dans les meilleures conditions. Et ce fut un réel coup de foudre !
Présentation du Jeu :
Dans Cyclades, chaque joueur est à la tête de l'une des 5 Cités de la Grèce Antique et a pour but d'être le premier à contrôler 2 Métropoles.
Il existe 2 façons de construire une métropole : le développement intellectuel pour lequel il faut acquérir 4 cartes philosophe et le développement économique pour lequel il faut obtenir 4 tuiles bâtiment différentes.
Au-delà de ces 2 voies, il existe une 3ème façon d'obtenir une métropole : attaquer un adversaire qui en contrôle une et la lui prendre par la force... mais c'est mal, très mal !
Fonctionnement du Jeu :
A chaque tour de jeu (appelé cycle) les joueurs vont faire des offrandes aux 4 dieux disponibles pour bénéficier de leurs pouvoirs. Ces offrandes sont réalisées sous forme d'enchères où le plus offrant se voit autorisé l'accès au dieu convoité.
Une fois que tout le monde a payé son enchère, chacun va pouvoir effectuer ses actions qui dépendent du dieu dont il a obtenu les faveurs.
Chaque dieu permet de recruter des personnages, de construire un bâtiment différent et de bénéficier d'un pouvoir spécial.
Mais chacune de ces actions coûte de l'or. Plus un joueur paye cher l'accès à un dieu lors des enchères et mois il lui restera d'or pour entreprendre ses actions.
Il est donc impératif de bien calculer ce qu'on est prêt à investir aux enchères sous peine de se retrouver incapable de profiter du dieu pour lequel on a payé si cher...
En fonction de sa nature, chaque dieu permet de faire des choses sensiblement différentes :
- Arès : le dieu de la guerre permet de recruter de nouvelles armées, de construire des forteresses permettant de défendre ses îles des envahisseurs ou encore de déplacer ses troupes pour conquérir une île.
- Poséidon : le dieu de la mer permet de recruter de nouveaux navires et de les déplacer. Il autorise aussi la construction de ports qui permettent de défendre ses navires lors des attaques maritimes.
- Zeus : il donne accès aux prêtres et aux temples. Ils permettent respectivement de faire des économies lors des enchères et lors de l'achat d'une créature mythologique. Zeus permet enfin de remplacer une créature mythologique parmi les 3 proposées à la vente ce tour-ci.
- Athéna : elle permet de recruter des philosophes (il en faut 4 pour construire une métropole) et de construire une université. Contrairement aux autres bâtiments, l'université n'a pas de pouvoir spécial, elle ne sert à rien... si ce n'est que c'est l'un des 4 bâtiments nécessaires pour obtenir une métropole par la voie économique !
En plus des actions qui lui sont propres, chaque dieu permet d'acheter les services de Créatures Mythologiques. Ces cartes spéciales ont des pouvoirs très puissants qui sont autant d'exception à la règle du jeu. Elle permettent bien souvent de faire basculer le sort de la partie...
Enfin, un joueur peut faire appel au 5ème dieu : Apollon. Cela consiste grosso modo à passer son tour, mais cela permet aussi d'augmenter ses revenus et de faire des précieuses économies... de quoi entreprendre une action dévastatrice au prochain cycle !
Une fois les actions des 5 dieux résolues, on vérifie si quelqu'un possède 2 métropoles. Si çà n'est pas le cas, un nouveau cycle commence et chaque joueur reçoit des revenus en fonction des îles et des cases de mer qu'il contrôle.
Mon Avis :
Ce qui frappe en premier à l'ouverture d'une boîte de Cyclades, c'est la beauté de son matériel. Les illustrations sont somptueuses (notamment celles des paravents), le plateau est très original (les hexagones de wargames ont astucieusement été remplacés par des cercles) et les figurines promettent d'ajouter encore un peu plus d'immersion.
A l'utilisation, Cyclades s'avère extrêmement fluide mais aussi très tendu.
Chaque dépense doit être calculée : plus un joueur enchérira pour prendre le contrôle d'un dieu et moins il lui restera d'or pour effectuer les actions permises par ce dieu.
Plus que jamais, l'or est le nerf de la guerre et chaque joueur devra vite chercher à augmenter ses revenus ou à diminuer ses dépenses.
Chaque décision doit être pesée : le choix du dieu sur lequel investir en début de tour est crucial. En effet, en plus de prendre en considération les pouvoirs apportés par les dieux, le joueur devra tenir compte de la position du dieu dans le tour.
A chaque cycle, l'ordre dans lequel les dieux vont faire effet (et donc l'odre dans lequel leurs propriétaires vont jouer) change. Il peut être vital de prendre le contrôle d'un dieu moins intéressant mais qui va permettre de jouer avant ses adversaires.
Cela s'avère fondamental pour prendre le contrôle d'une créature dont on a besoin ou dont on veut être sûr qu'elle ne sera pas utilisée par les autres !
Les mécanismes, parfaitement huilés, créent une grande interaction entre les joueurs. Et c'est certainement ce qui peut rendre le jeu difficile sur les premières parties : garder un œil sur ce que font ses adversaires.
Le jeu est admirablement bien équilibré, à commencer par les positions des îles sur la carte qui permettent à chacun d'avoir des possibilités intéressantes d'extension et ce quel que soit son point de départ.
Même le fait de passer en jouant Apollon s'avère être une stratégie payante. Dans la mesure où le joueur aura économisé un revenu complet, il reviendra plus fort au cour du cycle suivant et pourra mener une action lui permettant de reprendre le dessus.
Il n'est donc pas rare de voir éclore simultanément des métropoles aux quatre coins du plateau et les derniers tours de jeux sont souvent très stressants...
La maîtrise du jeu passe toutefois par un petit apprentissage : penser à jouer Poséidon AVANT Arès. Cela permet de positionner ses navires en vue d'une conquête.
Il faut aussi bien connaître les créatures mythologiques et leurs effets et ne pas hésiter à dépenser pour en prendre le contrôle.
Ces dernières introduisent une dose de chaos qui ne plaira pas forcément à tout le monde...
Enfin, la clé du succès réside en tout faire pour augmenter rapidement ses sources de revenu pour être plus libre dans le choix de ses actions. Cela suppose de prendre le contrôle d'autres îles, de s'installer certaines cases maritimes, d'acheter des prêtres ou des temples ou encore de jouer Apollon pour gagner une précieuse corne d'abondance.
Bref, les stratégies et les choix sont nombreux et il s'avère souvent frustrant de ne pas pouvoir tout faire à son tour. Il faut souvent attendre en espérant que quelqu'un d'autre ne prendre pas le contrôle du dieu dont on a absolument besoin. Mais c'est aussi cette frustration qui contribue à rendre le jeu passionnant !
Un thème fort, un beau matériel, des mécanismes au service de l'interaction et un réel plaisir de jeu... Que dire de plus si ce n'est qu'au vu des frissons ressentis à chaque partie, Cyclades est un très grand jeu qui n'est pas prêt de prendre la poussière sur mes étagères...
Liens et Téléchargement :
- Règles du Jeu (format PDF)
- La règle du jeu en vidéo expliquée par Bruno Cathala (site Le Repaire)
- Interview de Bruno Cathala sur la genèse de Cyclades
- Mini site officiel du jeu